Jacky Bontems

Publié le 13 décembre 2017 • Mis à jour le 13 décembre 2017

Les débuts dans le bâtiment

Après l’obtention d’un DUT (Diplôme universitaire de technologie en Génie civil), Jacky Bontems, né dans les Vosges en 1951, arrive à Paris en 1971.
Il trouve un emploi de technicien dans une grande entreprise du bâtiment COIGNET où il crée une section syndicale CFDT en 1973. Il est alors dès le début de son mandat confronté à la répression antisyndicale dans un secteur où le patronat ne fait pas de cadeaux aux syndicalistes : tracasseries professionnelles, menaces à travers de multiples lettres d’avertissement, blocage du salaire, contrôle strict des heures de délégation et procédures de licenciement. La dernière sera la bonne en 1978.
Après son licenciement, Jacky Bontems connait le chômage durant dix mois. Dans son entreprise, il anime de nombreuses grèves sur les salaires, la sécurité sur les chantiers et sur l’emploi, compte tenu des vagues successives de suppressions d’emploi après 1975.
Militant actif, Jacky Bontems rejoint dès 1974 le syndicat Construction bois de Paris où il occupe plusieurs responsabilités, avant d’en devenir le Secrétaire général en 1976, dans une période de crise économique où les entreprises du bâtiment licencient massivement. Son syndicat est alors constamment en pointe dans les luttes menées pour la défense de l’emploi.
Tourné vers le professionnel, Jacky Bontems accède à plusieurs responsabilités professionnelles (Bureau de l’Union régionale Construction bois Ile de France et Conseil fédéral de la FNCB en 1978 (Fédération nationale Construction bois) en côtoyant épisodiquement l’UD de Paris.

Le tournant de l’interprofessionnel

Durant sa période de chômage (1978-1979), Jacky Bontems poursuit ses responsabilités syndicales dans le champ professionnel jusqu’à la sollicitation de l’UD de Paris dans l’été 1979 pour qu’il intègre le secrétariat de l’UD.
Changement radical de parcours syndical. Jacky Bontems plonge immédiatement dans le bain interprofessionnel avec une grande responsabilité puisqu’il est l’organisateur de la première grande campagne électorale prud’homale durant le 2e semestre 1979.
En charge également de la formation syndicale, de l’organisation des chômeurs et de l’immigration, il coordonne l’action et les conflits dans les ateliers de la confection du Sentier durant l’année 1980. C’est la période où la CFDT Paris se bat avec énergie pour la régularisation des travailleurs immigrés, notamment turcs. Les manifestations, les grèves de la faim, les arrêts de travail se succèdent.
Suite à une plainte d’un patron par ailleurs malhonnête, après une dure occupation d’un atelier de confection, Jacky Bontems est condamné à deux mois de prison ferme ! Fort heureusement, en 1981, avec l’élection de François Mitterrand comme président de la République, c’est l’amnistie.
En 1985, Jacky Bontems devient Secrétaire général de l’UD de Paris, prenant la succession d’Annie Roussel dans une période très mouvementée de la vie interprofessionnelle francilienne.

Les batailles politiques

Dans un environnement régional hostile et en crise ouverte, permettant l’élection à la tête de l’Union régionale Ile de France de Christian Cottet, associé à l’Extrême Gauche au congrès d’Evry en janvier 1985, l’UD de Paris est une structure stable, dynamique et opposée à la nouvelle orientation oppositionnelle de la région.
Jacky Bontems et son équipe parachève la construction engagée depuis plusieurs années d’une identité forte et reconnue de l’UD de Paris, roc politique et en même temps fer de lance de la reconquête de l’URI, une UD en phase avec les réalités sociales parisiennes (tertiaire, féminisation, sous-traitance, petites entreprises, etc.), modernisée dans son fonctionnement interne et autonome.
Militant pour la rénovation du syndicalisme sans excès, Jacky Bontems imprime une ligne claire et exigeante : rassemblement des syndicats autour de l’UD, opposition sans concessions à l’Extrême Gauche et à la dérive de la région, autonomie vis-à-vis de la confédération, exprimée en maintes reprises notamment quand l’UD fait pression sur la confédération pour la participation de la CFDT à la manifestation étudiante, après la mort de Malik Oussekine (fin 1986).
En 1987, durant la préparation du congrès régional d’octobre, dans une région à nouveau en crise et soumise aux coups de buttoirs de l’Extrême Gauche, Jacky Bontems est mandaté par le Conseil de l’UD pour prendre la tête d’une équipe alternative à la direction régionale.
Combats durs, incessants dans un climat agressif, l’UD doit à la fois affirmer son identité et rassembler autour d’elle. Deux équipes s’affrontent donc au congrès régional, l’une conduite par Jacky Bontems et l’autre par Michel Carvou (métallurgie). Après de multiples péripéties, avec une équipe réduite suite à l’élection, Jacky Bontems est élu Secrétaire général de l’URI, laissant l’UD dans de bonnes mains en la personne de Joseph Le Corre.

Le parti réussi du redressement régional

Avec Patricia Galli, seule élue de son équipe au congrès, Jacky Bontems hérite d’un URI en lambeaux et paralysé par ses conflits politiques internes. Il entreprend alors un travail de titan, rejoint entre autres par Jean-Paul Sbeghen qui devient trésorier, pour redresser l’URI : imprimer une nouvelle ligne politique, rénover le fonctionnement régional, nouvelle gestion financière, redresser les services habituels d’une région, insuffler un nouvel élan revendicatif, remettre les structures au travail, réduire le poids de l’extrême gauche et des opposants pour consolider sa majorité, etc.
Rapidement, Jacky Bontems remet l’URI sur de bons rails, aidé par une nouvelle génération de responsables et par le « départ forcé » des « moutons noirs » en 1988 (Santé et Poste) qui fondent les syndicats SUD.
Son élection au Bureau national confédéral au congrès de Strasbourg en 1988 est le signe de sa réussite et du nouvel élan imprimé à l’URI.
Au congrès régional de Noisiel en décembre 1990, les syndicats approuvent largement (78 %) son action de redressement. L’URI vit à nouveau et son action est de plus en plus reconnue par les fédérations et la confédération.
Le moment de son départ approche, les fondations sont solides et la relève assurée, Jacky Bontems est sollicité par Jean Kaspar pour intégrer la Commission exécutive nationale au congrès de Paris en 1992. Avec l’accord des instances régionales fières de la reconnaissance de l’URI, Jacky bontems accepte la proposition confédérale.
La boucle est bouclée, il laisse à son successeur Joseph Le Corre une région sur les rails, après une dernière réussite dans l’organisation matérielle du congrès confédéral à Paris.

Secrétaire général adjoint de la confédération de 1992 à 2009

Lesté d’une solide expérience en matière organisationnelle durant les conflits régionaux, à son arrivée à la CE confédérale, Jacky Bontems, sur proposition de Jean Kaspar, reçoit entre autre la lourde tâche de Secrétaire national chargé des questions organisationnelles.
Après la crise de la direction confédérale durant l’été 1992, conclue par la démission de Jean Kaspar, Jacky Bontems devient Secrétaire général adjoint aux côtés de Nicole Notat, nouvelle Secrétaire générale. Il augmente son portefeuille de travail et devient également responsable de la politique de développement et des jeunes. Il se complait dans ses fonctions internes et est de tous les combats et des succès de la CFDT durant cette période 1992 à 2009, période mouvementée, hachée par de violentes secousses internes (1995 et 2003), mais période bénéfique puisque la CFDT acquière à la fois la première place des organisations syndicales en nombre d’adhérents (fin des années 90) et une place stratégique dans le paysage social français avec des succès revendicatifs importants (par exemple « les 35 heures »).
De son poste de vigie organisationnelle et avec ses actions en faveur du développement et de l’insertion des jeunes dans le syndicalisme (les années Turbulences avec association, journal, rassemblements), il contribue à solidifier et à rénover la maison CFDT : diffusion de la culture d’organisation et gestion des conflits internes, évolution des structures et renforcement de la mixité, réforme de la charte financière en 1995, etc. En tant que président de la Commission Confédérale Organisation (CCO), il est également le gardien du Temple, c’est-à-dire des règles, des statuts et du règlement intérieur tout en veillant à leur évolution.
Par son action inlassable, il contribue à la progression continue du nombre de nos adhérents, il est à la tête du GAPS (groupe d’action pour la syndicalisation) et gère les fonds d’organisation et de syndicalisation au service à la fois du renforcement de notre organisation et de son développement.
Fidèle soutien de Nicole Notat, puis de son successeur François Chérèque, Jacky Bontems est l’architecte de l’endiguement de la fraction oppositionnelle appelée « Tous Ensemble », de son échec au congrès de Lille en 1998, puis de son déclin et de sa fin en 1999.
Après de nombreuses années attachées à ces responsabilités, Jacky Bontems diversifie son portefeuille, et prend par exemple en charge le logement ou la politique en direction des TPE/PME.

Vers d’autres horizons

En 2009, Jacky Bontems quitte ses responsabilités nationales pour engager un autre parcours militant ; il rejoint l’équipe de François Hollande alors en précampagne pour l’élection présidentielle de 2012, sur les thématiques : travail, emploi, entreprise et relations sociales.
Après avoir œuvré pour la désignation de François Hollande comme candidat de la Gauche socialiste durant l’organisation des primaires socialistes et pour son élection comme Président de la République, il crée le groupe de réflexion économique et social « Le réseau 812 » en 2012 qu’il préside.
Président de ce réseau national, il milite pour la reconnaissance et le développement du dialogue social et l’autonomie des partenaires sociaux. En même temps, il intègre le nouvel organisme Commissariat France Stratégie, chargé de la stratégie et de la prospective auprès du Premier Ministre, comme conseiller social du Commissaire général.
Coauteur en septembre 2015 du livre préfacé par le Président de la République François Hollande « Le moteur du changement : la démocratie sociale ! » avec Aude de Castet, en collaboration avec Michel Noblecourt, il est nommé Conseiller du CESE (Conseil économique, social et environnemental), au titre des Personnalités qualifiées par le Conseil des Ministres en novembre 2015. Elu président du groupe des Personnalités qualifiées en décembre 2015, il est membre de la section « Aménagement durable des territoires » et préside également le Cercle Iéna.
Au début de l’année 2017, il crée avec Aude de Castet le « Réseau des progressistes Impliqués », chargé de promouvoir la démocratie sociale dans notre pays. Toujours en 2017, durant l’été, Jacky Bontems crée, notamment avec Dominique Villemot, un Think Tank intitulé « Démocratie vivante » dont il devient le vice-président. Ce think tank, fondé sur les valeurs de Gauche est un espace de réflexion et une force de propositions sur les réformes que le quinquennat d’Emmanuel Macron doit permettre de réaliser pour faire avancer la France et l’Europe sur la voie de la rénovation démocratique, de la justice sociale et du progrès partagé.
Coprésident de son pôle de réflexion « Travail, emploi, entreprises », Jacky Bontems publie en décembre 2017 avec Aude de Castet un nouveau livre intitulé « Protéger mieux pour travailler mieux ».
Dans la foulée, toujours associé à Aude de Castet, il publiera au début de l’année 2018 un fascicule sur l’avenir de notre modèle social, édité par l’Institut Diderot.

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