Laurent Quintreau, Conseiller du salarié

Publié le 17 juin 2016 • Mis à jour le 30 mars 2023

« Les conseillers du salarié sont au cœur de l’humain »

Partager

En plus d’être secrétaire général du Betor-Pub CFDT, Laurent Quintreau s’investit depuis 2009 dans un autre mandat, celui de conseiller du salarié. Grâce à cette mission, il peut véhiculer dans les petites entreprises les valeurs de la CFDT mais aussi défendre le mieux possible les droits des salariés.

Pourquoi as-tu souhaité t’investir dans le mandat de conseiller du salarié ?

Laurent Quintreau : Cette mission s’inscrit dans la continuité de mon parcours syndical. Issu de la société Publicis, j’ai été délégué syndical avant de devenir secrétaire général du Betor. Malgré cette casquette, j’ai souhaité m’investir dans ce mandat afin de défendre encore davantage les droits des salariés des petites entreprises. Lorsqu’ils sont convoqués à un entretien préalable au licenciement, les salariés ont l’impression que le monde s’effondre autour d’eux. Le marché du travail n’est pas fluide. Grâce à mon soutien, ce moment difficile est moins douloureusement vécu. C’était donc une opportunité supplémentaire de mettre en application sur le terrain les valeurs de la CFDT. Les conseillers du salarié sont au cœur de l’aide et représentent leur syndicat auprès des salariés et des patrons.

Raconte-nous, comment exerces-tu ta mission auprès des salariés ?

L.Q. : C’est un mandat qui me tient à cœur. Je ne compte pas mes heures et j’y consacre beaucoup plus de temps que ce qui est initialement prévu. Je prends connaissance du dossier, je lis des documents et je rencontre la personne avant l’entretien … L’écoute et l’empathie sont des qualités essentielles pour comprendre la situation vécue dans l’entreprise et saisir comment aider au mieux le salarié. Je suis un support sur lequel s’appuyer. Au-delà du soutien psychologique, je livre des conseils juridiques et stratégiques. Le but est de sauver l’emploi de la personne ou bien d’améliorer ses conditions de départ. En démontrant à l’employeur qu’il n’avait aucun intérêt dans cette démarche, j’ai réussi à obtenir qu’un salarié ne soit pas licencié. C’était une victoire. Mais, pour réussir une mission, cela ne sert à rien d’entrer en altercation avec le patron. Tout en étant ferme, il faut savoir se mettre à sa place et choisir les arguments qui le toucheront.

Quels bénéfices t’apporte ton engagement syndical ?

L.Q. : Intellectuellement, c’est fascinant ! En tant que conseiller du salarié, je suis confronté à de multiples réalités professionnelles et je rencontre une grande diversité de salariés. J’ai défendu des avocats, des professionnels du milieu associatif, des journalistes, des vendeurs, des boulangers … Je me suis même retrouvé à accompagner un salarié d’une boulangerie où je me rendais régulièrement. C’est passionnant de pouvoir passer de l’autre côté du miroir et d’observer de l’intérieur comment les personnes accomplissent leur métier. Cette expérience me permet de découvrir le fonctionnement du monde du travail à travers différents domaines d’activité. Avec ce mandat, je fais de la sociologie en permanence.

Tu es conseiller du salarié depuis 2009. Quelles sont les situations qui continuent à te surprendre ?

L.Q. : Beaucoup de choses continuent à m’étonner ! Les conseillers du salarié sont au cœur de l’humain. Une fois, j’ai assisté un salarié d’une petite boîte qui allait mettre la clé sous la porte car elle n’avait plus de clients. Face à d’énormes difficultés économiques, le patron n’avait pas d’autre choix que de licencier cette personne, même s’il l’appréciait et était triste de s’en séparer. L’employeur était dans une extrême misère. A la fin de l’entretien, il a pris des renseignements pour s’inscrire au chômage. Le monde du travail n’est pas manichéen. Surtout dans les petites entreprises où les relations entre l’employeur et le salarié sont souvent fusionnelles. Puis, il arrive un moment où, comme dans un couple, les deux partenaires n’arrivent plus à se supporter …

Restez
Connecté