Etienne Colas, Conseiller prud’hommes

Publié le 22 juin 2016 • Mis à jour le 30 mars 2023

« Le conseil des prud’hommes est parfois le seul recours face à une décision unilatérale de l’employeur »

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Après avoir réalisé sa carrière à France Télécom, Etienne Colas est, depuis 2008, conseiller prud’hommes dans la section commerce. Dans les salles d’audience, il a l’occasion de se confronter à d’autres réalités professionnelles et de se rendre utile à la société.

Pourquoi as-tu souhaité t’investir dans le mandat de conseiller prud’hommes ?

Lors de mon parcours syndical, j’ai eu l’occasion de rencontrer des conseillers prud’hommes qui m’ont laissé entrevoir ce qu’étaient leurs fonctions. Immédiatement, j’ai eu envie de m’investir dans ce mandat pour acquérir de nouvelles compétences et me confronter à d’autres réalités professionnelles. J’ai réalisé en effet une grande partie de ma carrière à France Télécom. Après avoir participé aux premières élections professionnelles au début des années 2000, j’ai occupé plusieurs mandats dans mon entreprise : délégué du personnel, élu du CHSCT, délégué syndical, élu du comité d’entreprise … Ces différentes casquettes m’ont donné le goût de la défense des salariés et du maniement du droit du travail au quotidien.

Comment t’es-tu préparé à exercer ton mandat ?

Avant d’être élu en 2008, j’ai bénéficié d’une initiation au droit du travail. Puis, tout au long de mon mandat, j’ai continué à suivre avec l’IREFE un maximum de formations sur différentes thématiques - les bureaux de conciliation, les bureaux de jugement, le régime de la preuve- mais aussi des modules spécifiques liés à l’exercice de mes fonctions de président d’audience. J’ai également renforcé mes connaissances grâce à des cours d’approfondissement à l’institut des sciences sociales du travail (ISST) et au CNAM. Le droit du travail évolue en permanence. Cela exige un vrai investissement personnel. Toutefois, la plupart de mes compétences, je les ai acquises au fur et à mesure sur le terrain. Je me suis aussi senti soutenu et entouré par le collectif des conseillers prud’hommes de la CFDT. Quand j’avais besoin d’enrichir mes pratiques, je pouvais me tourner vers ces personnes compétentes.
Avoir un parcours syndical en entreprise est-ce utile pour exercer ces fonctions ?
L’expérience syndicale et professionnelle permet de comprendre rapidement la situation vécue dans l’entreprise et de relativiser les témoignages d’un supérieur hiérarchique. Me concernant, c’est surtout le mandat de délégué du personnel qui m’a aidé à m’investir. Grâce à lui, j’ai pu acquérir des qualités de négociation qui sont essentielles pour exercer cette mission. A France Télécom, j’ai été confronté à des affaires qui ont fait la une des médias. J’ai donc été amené à assister des salariés qui rencontraient des difficultés avec leur employeur et à les accompagner lors de leur entretien préalable au licenciement. Le conseil des prud’hommes, c’est l’étape d’après !

Quels bénéfices t’apporte ton engagement syndical ?

Une réelle satisfaction personnelle ! Dans les salles d’audience, j’ai l’occasion d’élargir mon horizon professionnel et de me sentir utile. Derrière les licenciements abusifs ou les cas de harcèlement se cachent de réels drames humains. Les personnes ne viennent pas aux prud’hommes pour chercher un chèque. Elles ont besoin d’entendre qu’aux yeux de la justice l’acte commis par l’employeur était inadmissible. Le conseil des prud’hommes est parfois le seul recours face à une décision unilatérale de l’employeur. Notre rôle est de rétablir les salariés dans leurs droits et de rendre la justice le mieux possible.

Tu es animateur à l’IREFE et chargé de la désignation des prochains conseillers prud’hommes. Quels conseils donnerais-tu à un militant souhaitant se présenter à ce mandat ?

Il faut prendre le temps de se former tout au long du mandat ! Plus le conseiller est compétent, plus il sera crédible et fera valoir ses arguments lors des délibérés. Avoir des connaissances en droit du travail est essentiel pour ne pas se laisser embobiner par les discours des autres conseillers. Il y a un vrai raisonnement juridique à acquérir pour défendre au mieux les salariés.

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