Bruno Ormile-Dautel, Conseiller du salarié

Publié le 24 juin 2016 • Mis à jour le 30 mars 2023

« Ce mandat m’apporte une vision plus large du monde du travail »

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Cadre dans les ressources humaines, Bruno Ormile-Dautel occupe depuis 2013 le mandat de conseiller du salarié. A travers cette mission, ce militant aide les salariés, souvent démunis face à un licenciement, à tourner la page et à rebondir vers un nouvel emploi.

Pourquoi as-tu souhaité t’investir dans le mandat de conseiller du salarié ?

Bruno Ormile-Dautel : Au cours de ma carrière, j’ai moi-même subi des problèmes de harcèlement moral. A l’époque, le secrétaire du comité d’entreprise et le délégué syndical CFDT m’ont beaucoup aidé. L’excellent travail qu’ils ont fourni m’a donné envie de m’engager dans le syndicalisme. Elu au CHSCT, suppléant au comité d’entreprise, délégué syndical, délégué du personnel … Après avoir cumulé les casquettes dans mon entreprise, je souhaitais assister à mon tour les salariés des petites entreprises qui se retrouvent souvent livrés à eux-mêmes face à une situation complexe telle qu’un licenciement. Alors quand mon syndicat, le Betor, m’a présenté en 2013 le mandat du conseiller du salarié, j’ai très vite décidé de me lancer dans cette aventure.

Comment t’es-tu préparé à exercer cette nouvelle mission ?

B.O-D. : A mes débuts, je n’avais pas de connaissances exactes sur les fonctions des conseillers du salarié. J’ai donc commencé par m’informer et à suivre une formation sur ce mandat avec l’IREFE. Comme elles associent à la fois des cours théoriques et des mises en situation pratiques, j’ai pu directement appliquer sur le terrain les notions acquises durant le stage. Les formateurs ont un réel vécu et transmettent leurs savoirs aux nouveaux conseillers. C’est en effet essentiel pour exercer cette mission d’avoir des connaissances mêmes basiques en droit du travail et une vraie expérience de l’entreprise. Etant cadre au service des ressources humaines de l’Agence Campus France, j’avais déjà l’habitude des affaires de licenciement et de manier le code du travail. Mon métier m’a beaucoup aidé.

Quels bénéfices t’apporte cet engagement syndical ?

B.O-D. : Depuis 2013, j’ai eu l’opportunité de rencontrer des salariés d’horizons différents et de découvrir une grande diversité de métiers. Charcuterie, bijouterie, humanitaire … Les personnes que j’accompagne travaillent dans un large panel de secteurs d’activités. Ce mandat m’apporte une vision plus large du monde du travail. Les entreprises ne fonctionnent pas sur un modèle unique et les histoires qui y sont vécues ne sont jamais les mêmes. Au quotidien, j’apprends tellement. C’est très enrichissant humainement et gratifiant. Le travail des conseillers du salarié est utile aux salariés ainsi qu’aux avocats et aux conseillers prud’hommes.

Pourquoi la mission de conseiller du salarié est-elle si importante ?

B.O-D. : Lors de l’entretien préalable, les personnes sont dans un état de fragilité extrême. Elles risquent de perdre leur emploi et de s’exposer à un avenir incertain. Le rôle de conseiller du salarié est de les soutenir dans ce moment délicat. Je suis donc à l’écoute de ce qu’elles peuvent ressentir. C’est primordial de s’approprier leur vécu pour se fixer, face à l’employeur, une ligne de conduite qui soit en accord avec leur volonté. Si le salarié souhaite être réintégré dans son entreprise, je vais essayer de convaincre l’employeur de lui laisser une seconde chance et d’opter plutôt pour un avertissement. Mais beaucoup refusent le maintien en poste et ont pris leur décision en amont. Dans ce cas, je vais rassurer le salarié en valorisant son parcours et en lui donnant des pistes qui l’aideront à rebondir. L’entretien doit lui permettre de tourner la page et de se projeter dans un nouvel emploi. C’est la dernière possibilité pour les deux parties de vider leur sac avant de se séparer.

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